L’exposition “Vestologie, la veste dans tous ses états” qui s’est récemment tenue au Printemps Haussmann m’offre l’occasion de vous parler d’un vêtement aujourd’hui incontournable dans notre dressing. Au-delà de la prestance qu’elle apporte à une tenue, la veste est avant tout ce « vêtement à manches longues couvrant la partie supérieure du corps », ce qui lui confère en premier lieu une fonction protectrice.
Nous allons pourtant voir qu’elle a dû prendre du galon pour pouvoir figurer en première place du vestiaire féminin.
Pour cela, j’ai choisi de me pencher sur trois modèles emblématiques de la garde-robe féminine contemporaine, en vous proposant un regard socio-historique.
Le blazer
Moins formel que le veston, il désignait initialement les vestes portées par des hommes dans les clubs d’aviron britanniques, avant de devenir populaire sur les épaules des collégiens britanniques dans les années 1950.
Ses caractéristiques : une coupe plus ample et des épaules moins structurées que la veste de costume, qui en font le parfait allié pour un look décontracté et élégant.
S’il est à l’origine destiné aux hommes, le blazer a conquis le vestiaire des femmes à partir de la fin du 19ème siècle : après une première apparition dans le magazine Vogue à la fin du 19ème siècle, il devient l’uniforme des suffragettes dans les années 1910.
Ce sont pourtant les années 70, sous l’égide de Giorgio Armani, qui marqueront son vrai retour dans la garde-robe féminine, où il occupe depuis lors une place de choix. Power Suit dans les années 1980, son port se démocratise dans les années 2000 lorsqu’il se superpose aux robes de soirée (ex. chez Balmain).
La veste de tailleur
Appartenant au costume tailleur dont la version féminine nous vient du marchand drapier anglais John Redfern, elle complète la jupe de piétonne à laquelle elle est associée et est destinée à faciliter la marche lors des excursions.
Étroitement liée à l‘évolution de la société et des événements qui la marquent, la veste de tailleur devient une composante de l’uniforme féminin dans sa version tailleur jupe, et habille celles qui remplacent les hommes partis au front.
On retrouve l’une des premières images de tailleur-pantalon dans l’édition américaine de Vogue en 1933. On y voit l’actrice Marlene Dietrich en tailleur-pantalon estival. Dans un contexte d’urbanisation, le tailleur est synonyme de modernité. Il inspire les créateurs dans les années 1950, à l’image d’une Chanel ou d’un Lanvin.
Hautement symbolique, la veste de tailleur se veut, soit à basques très ajustée à la taille (comme dans le tailleur bar de Dior), soit plus androgyne dans sa version Saint Laurent des années post 68. Avec les années 1980, c’est la symbolique du ‘Power dressing’ féminin qui caractérise ce vêtement où les larges épaules créent une carrure imposante, et la taille est généralement cintrée.
Comme le blazer, l’ensemble tailleur se popularise dès les années 2000 en faveur d’une silhouette plus décontractée.
La saharienne
Uniforme officiel de l’armée britannique en Inde à la fin du XIXe siècle, et par conséquent réservée aux hommes, la veste saharienne (qui ne porte pas encore ce nom) est structurée par des épaulettes et une ceinture, affûtée de poches plaquées, tout en étant légère car taillée originellement pour affronter des climats chauds.
Popularisée par Ernest Hemingway lors de ses safaris en Afrique, cette veste fait par la suite des apparitions remarquées dans l’univers du 7ème art, où elle habille des acteurs tels que Grace Kelly ou encore Clark Gable.
C’est cependant Yves Saint Laurent qui, en la féminisant dans les années 1960, la fait définitivement entrer au panthéon des intemporels de la garde-robe d’été des femmes modernes. Aujourd’hui, la saharienne s’adapte à toutes les tenues et à tous les styles.
Son allure décontractée en fait l’alliée incontournable de virées urbaines tout comme un accessoire de soirées plus habillées (assortie à une petite robe noire).
Alors, vous êtes plutôt veste tailleur ? blazer ou saharienne ?